Non, nous ne vous invitons pas à venir prospecter de l’or (quoiqu’il y en ait pas très loin), mais plutôt à découvrir avec nous le parc naturel de Yellowstone.

Après une inteeeerminable traversée du Midwest américain depuis Chicago, nous voici donc aux portes du parc naturel de Yellowstone. Yellowstone, ça faisait longtemps que nous en entendions parler : le plus vieux parc naturel au monde (et hop! un « plus au monde » à la liste) il est aussi immense, plus grand que la Corse. Situé sur un ancien volcan, il contient plus des 2 tiers des geysers de la planète, dont le 2eme plus important au monde (ah zut, on en tenait presque un autre là). Il contient aussi un bon paquet d’animaux sauvages, dont des buffles et des ours (les premiers causants plus de blessures que les derniers, allez comprendre), mais aussi des loups, des coyotes, des élans, des lynx … la liste est longue.

L’entrée de parc se payant pour la semaine, nous coucherons donc à l’extérieur du parc afin de profiter de notre semaine à l’intérieur au maximum (comme dit dans un autre article, nous ne sommes pas radins, mais bon, quand vous voyagez pour 2 ans, vous avez intérêt à être économes). Donc le lendemain au lever du soleil, nous étions fin prêts pour rentrer dans le parc. Première bonne nouvelle, le coût d’entrée est de 25 $ pour la semaine pour la famille, donc petit calcul, à 72 cents par jour par personne ça reste bien confortable pour notre budget 😉

En gros, voici comment les choses fonctionnent dans le parc : Étant bien sûr très grand, il contient plusieurs zones différentes avec chacune plusieurs campings, dont la plupart ne se réservent pas et fonctionnent au principe du « premier arrivé-premier servi » : vous arrivez dans un camping, vous faites le tour avec votre véhicule pour repérer un emplacement disponible qui vous plaît et vous vous posez là. Ensuite, petite marche jusqu’à l’entrée du camping, vous prenez une enveloppe, y inscrivez votre nom, numéro d’immatriculation et emplacement, y mettez le prix de la nuitée (argent liquide seulement), et glissez l’enveloppe dans la boîte aux lettres. Ensuite, vous prenez le rabat de l’enveloppe qui est détachable et l’accrochez devant votre emplacement. C’est simple et évite le personnel superflu (pas de gardien à l’entrée).

Bon là, c’est le moment de grande introspection personnelle quand vient le temps de décider si nous resquillerons (= pas d’argent dans l’enveloppe) ou si nous serons honnêtes. Sur ce coup-là nous avons été honnêtes, premièrement parce que le coût de l’emplacement de camping était bas (12.50 $ la nuit, certain vont à 21 $) et deuxièmement parce que bien que rustique, c’est très propre et bien entretenu. Ah et troisièmement, simple question de morale : la plupart du temps, nous faisons du camping « sauvage » sur les plages, les champs, les aires de repos ou des stationnements, donc pour une fois qu’on utilise un emplacement de camping c’est bien normal de payer pour. De toute façon, il est quasi impossible de faire du camping sauvage à Yellowstone avec les patrouilles de Rangers, donc on ne s’y est même pas essayé.

Ha un dernier conseil : il y a plus de 2000 emplacements de camping dans le parc, mais avec plus de 3 millions de visiteurs par an les places partent vite : pensez donc à arriver tôt pour être sûr d’avoir une place. Nous, nous avons privilégié les campings très à l’écart, bien perdus au fond des bois, donc les places y étaient généralement disponibles sans trop de problèmes. Il semblerait que les ours tiennent les gens à l’écart…

Enfin, une fois que vous vous êtes posés, le camping-car installé, avez sorti l’auvent et l’apéro les rafraîchissements, il est temps de voir un peu à quoi ce paysage ressemble non ?

En face de vous :

Ben oui, vous êtes à 2400 m d’altitude, donc c’est grandes forêts de sapins mixées avec des prairies et petits buissons (excusez pour la description un peu vague, ça se voit tant que ça que je ne suis ni botaniste ni arboriculteur ?)

Votre emplacement de camping :

Calme, tranquille, désert. Il y a du monde dans le parc, mais du monde qui vient chercher la nature, donc tout est fait pour qu’on ne se marche pas sur les pieds. Désert aussi dans le sens un peu poussiéreux, ça c’est peut-être l’inconvénient, mais faut vraiment vouloir chercher la petite bête.

Comme vous venez rencontrer la nature, bien sûr vous ne vous plaindrez pas de la rusticité des installations qui sont au niveau minimum : toilettes sèches (tout tombe dans la fosse et pas de chasse d’eau) et quelques robinets d’eau. C’est simple, très propre contrairement à ce que la description pourrait laisser croire, mais on plaint un peu ceux qui sont en tente, sans douche, sans évier pour la vaisselle ou la toilette… faut aimer ça.

L’emplacement de camping comporte une table et un trou pour le feu, parfait pour les pommes de terre braisées, saucisses et autres guimauves au chocolat.mmmm…..

La seule chose à savoir, et que les rangers du parc arrivent très bien à vous faire rentrer dans la tête par moult panneaux et avertissements, c’est qu’il peut y avoir des animaux partout, y compris dans le camping.

Ceux-ci sont probablement les plus gentils (les écureuils ne comptent pas) :

Les instructions sont donc claires : vous devez ne pas laisser de nourriture accessible, ne pas laisser de traces, d’odeur, de miettes, bref tout doit être sous clef, y compris les ordures, sous peine de vous réveiller avec l’haleine d’un grizzly vous soufflant sur le visage…

Bien, l’ambiance est posée. La ranger contrôlant le premier camping ou nous nous sommes posés a donné le ton : elle ne se déplace pas sans sa bombe anti-ours, même pour aller aux toilettes qui ne sont pourtant situées qu’à 3 mètres de là. Bien compris, la bombe anti-ours (une simple bombe lacrymogène, mais de taille XXL) va devoir rester à notre ceinture pendant tout notre séjour au parc.

Au fait, qu’est-ce qu’on y fait dans ce parc ? Des randonnées bien sûr !

Il y a 1800 km de sentier de randonnée dans le parc, donc les balades ne manquent pas.

En grands spécialistes que nous sommes, bingo, nous avons réussi à nous perdre dès la première rando de la première journée.

Bon, pas très grave, il nous suffira de rebrousser chemin en suivant les poteaux électriques, mais le sentier était classé « grand débutant », c’est un peu vexant.

Il faut aussi éviter les « mines », c’est-à-dire les crottes de bisons qui jalonnent la plaine un peu partout. Lesdits bisons sont présents en troupeau aussi bien qu’en solitaires, et on en croise parfois même sur la route :

donc attention dans les virages si vous ne voulez pas vous retrouver avec un steak de bison dans les pare-chocs et un moteur de fiat à remplacer. De toute façon, il faut aussi être vigilant pour tous les animaux.

Et à part les randos me direz-vous ? Eh bien, vous pouvez toujours aller visiter les curiosités thermales du parc. Il faut savoir que sous vos pieds se trouve une belle boule de magma bouillonnant, d’un volume équivalent à celui du mont-blanc tout entier ! Pas étonnant de voir quelques fumerolles à droite et à gauche :

Comme le panneau l’indique, ce n’est pas forcément une bonne idée d’aller marcher à côté, sous peine de traverser la fine couche de sédiments et de se retrouver plongé jusqu’aux genoux dans de l’eau à 90 degrés. Il a d’ailleurs déjà eu quelques décès…

En fait, quand vous regardez bien, vous vous rendez compte que ça fume de partout :

L’eau bouillante se déverse directement dans les torrents glacés :

Ou bien fait des « baignoires » où l’eau en se refroidissant dépose ses minéraux, ce qui construit de belles, mais fragiles structures :

Ces bassins sont aussi un lieu de prédilection pour certaines bactéries dites « thermophiles », car elles sont capables de se développer dans cet environnement très chaud et agressif. D’ailleurs de nombreux scientifiques viennent les étudier du monde entier. Ce sont ces bactéries qui colorent magnifiquement les bassins de multiples couleurs :

Il a aussi des sites un peu moins « glamour » avec des trous de boues bouillonnantes :

Ou même carrément des piscines d’acide sulfurique surchauffé, beurk :

Et bien sûr, si vous ne craignez pas la foule, vous pouvez aussi aller voir la vedette, le « old faithful » (le vieux fidèle), un geyser qui crache son eau à 45m de haut avec une précision quasi horlogère : il se déclenche en effet toutes les 91 minutes.

Une fois que vous avez fait un peu le tour, le repos est bien mérité. La recette est facile :

Primo, conduire jusqu’à un camping bien à l’écart :

Secundo, ne rien faire sauf grasse matinée, lecture et sieste :

Et tertio, refiler les corvées, telles que le pompage de l’eau, aux gamins :

C’est le secret de la relaxation. Attention néanmoins aux ours qui s’approchent du camping, sous peine de repartir avec un gamin en moins, c’est un peu gênant.

L’ourse ci-dessus se promenait avec son petit à une cinquantaine de mètres du camping, à peine, et si on ne nous l’avait pas indiqué nous ne l’aurions même pas vue !

Pour tout dire, vous vous rendrez vite compte qu’un ours, c’est gros et méchant peut-être, mais surtout discret. Si vous vous contentez de jeter un coup d’œil à la foret en vous promenant, vous ne verrez rien; pour bien voir, il faut s’arrêter, et observer. Une bonne paire de jumelles est un atout.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a pas beaucoup d’endroits ou se baigner à Yellowstone, car l’eau y est trop froide. Mais si vous êtes courageux, vous pourrez parfois tomber sur un torrent qui a traversé la plaine et a eu un peu le temps de se réchauffer, mais c’est quand même limite, et il faut vraiment aimer ca.

Ou alors, l’autre option dont les rangers ou les guides du parc ne vous parleront pas, c’est de trouver, juste à la sortie de Yellowstone, la source d’eau très chaude qui vient se jeter dans un torrent glacé. Là, c’est le pied, c’est comme avoir une piscine à température réglable instantanément : trop chaud ? Vous vous serrez du côté du torrent ou l’eau est froide. Trop froid : vous vous rapprochez de la cascade d’eau chaude (mais pas trop si vous ne voulez pas finir en homard, l’eau sort à 85 degrés)

Évidemment, un parc comme Yellowstone se raconte beaucoup en images, car il s’agit principalement de paysages, d’animaux … Mais il y a aussi les gens, et nous y avons fait de belles rencontres, aussi bien avec des francophones que des anglophones, comme par exemple Scott et Heidi qui viennent de Seattle, mais ont fait un parcours de plus de 4000km … à vélo !

Bien que notre permis nous autorise à passer 7 jours dans le parc, finalement nous n’en ferons que 5. Nous avons hâte de remonter au nord pour retrouver le canada (si les douaniers nous laissent passer!) et aller aux parcs nationaux de Banff et Jasper qui sont supposément encore plus sauvages que Yellowstone. Mais ce n’est pas sans un petit déchirement que nous quittons le parc, car ça aura été une période de repos totale, extrêmement bienvenue après toute la route parcourue.

Et quels paysages inscrits dans nos têtes, aussi bien de jour

… que de nuit (avec les étoiles filantes en prime)

Le plus beau dans tout ça, c’est qu’on sait que ce n’est qu’un début, donc à bientôt pour la suite !