Les coccinelles à Mexico

On avait entendu de tout à propos du Mexique : N’y allez pas, bande d’inconscients, sous peine de vous faire détrousser ou abattre dès la frontière passée.  Alors qu’en fait, voyez-vous comme bien souvent la réalité n’est jamais ni toute blanche ni toute noire.

Nous sommes prêts. Le camping-car est plein, eau, carburant, vivres. Le plan est clair, dormir aux États-Unis à une heure de la frontière, passer la douane mexicaine tôt le matin, et ensuite rouler un bon 4-5 heures afin de mettre le plus de distance entre nous et la zone qui jouxte la frontière, car c’est là le plus dangereux, à ce qu’on nous a dit.
Le réveil sonne, c’est l’heure d’y aller, nous verrons bien. Il y a parfois des moments où il faut sortir de sa petite zone de confort et rentrer vraiment dans l’aventure. Le passage de douane de Laredo est réputé pour ne pas être très fréquentable, quel que soit le côté de la frontière, ce qui fait que nous n’en menons pas large. Cependant, alors que nous faisons un dernier plein d’essence aux USA, un Mexicain remarque notre panneau explicatif flambant neuf à l’arrière de notre véhicule et nous questionne sur notre voyage. Étonné de voir qu’un tour du monde avec des enfants est possible (mais si, c’est faisable), il nous donne son adresse au Mexique, numéro de téléphone, recommandations sur ou aller et/ou ne pas aller, bref, le type très sympa. Quelque part, cela nous rassure un peu sur l’accueil au Mexique.

Le passage de la frontière en tant que tel est un peu bizarre, mais tout à fait conforme à ce que nos amis Geneviève et Karim nous avaient expliqué : une petite file de voitures nous conduit à un agent mexicain nonchalant, mais armé jusqu’au cou : Il nous laisse passer sans plus de question. Une chicane routière plus loin, 2 agentes des douanes essayent de nous poser quelques questions, mais vu que nous savons juste dire ‘no hablo espanol’ (je ne parle pas espagnol) l’interrogatoire tourne court : elles nous font simplement signe de prendre la prochaine à gauche en ville pour aller rejoindre le bâtiment de l’immigration. Merci mesdames, au revoir, et bien sûr nous prenons la première… à droite (!) pensant que l’accès sera plus facile pour notre Macc. Que nenni ! Tours et détours dans les quartiers de la ville, qui ne sont visiblement pas très recommandables, et nous arrivons enfin dans l’enclos gardé de l’immigration. Ouf ! On respire un peu, mais pas trop. Tu parles des aventuriers téméraires !

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Question immigration, le principe est simple. Cinq guichets numérotés de un à cinq, à faire dans l’ordre, sauf le numéro 4, ne nous demandez pas pourquoi. Visas et tampons dans le passeport pour nous tous, et vignette d’importation temporaire pour Macc, tout est en règle en moins de 2 heures. Il faut dire notre espagnol niveau super débutant n’aide pas beaucoup à accélérer les choses, et le douanier ne parle pas anglais. De plus, nous avons l’impression que c’est la première fois qu’ils traitent une ‘casa rodante’ (‘maison roulante’,  un camper, un camping-car quoi !).

Enfin, nous voici sur les routes du Mexique ! Direction Saltillo, petite ville située en dessous de Monterrey, à environ 5 heures de route, il faut au moins ça pour être en sécurité (la zone de 400km qui jouxte la frontière étant fortement à éviter) .

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Alors si vous n’avez jamais conduit au Mexique, voici un petit cours d’initiation rapide :
Premièrement, il y a des barrages de sécurité partout, souvent tenus par des militaires, parfois des policiers fédéraux, policiers d’état ou policiers municipaux. Dans tous les cas, ils sont fortement armés, et cela vous laisse une drôle d’impression les premières fois ou vous voyez des mitrailleuses postées dans des bunkers de sacs de sable, pointées sur vous depuis le bord de la route. Mais rassurez-vous, on s’y habitue vite ; en fait, cela finit même par donner un étrange sentiment de sécurité, mais pour l’instant nous n’en menons pas large.

Deuxièmement, la frontière du Mexique est assez perméable. En fait, il y a une zone longeant la frontière dans laquelle vous n’avez besoin ni de papiers ni de visa, le contrôle de l’immigration ne se faisant que lorsque vous pénétrez plus loin à l’intérieur des terres. Ce qui explique que vous pouvez rentrer facilement au Mexique, mais aussi que c’est votre responsabilité de localiser le bureau d’immigration vous-même et d’aller faire vos visas, sinon vous ne pourrez pas passer le point de contrôle situé 30 km plus loin.
Troisièmement, les autoroutes mexicaines se distinguent entre les gratuites (‘Libre’) et les payantes (‘Cuota’). Généralement, il y a une route ‘Libre’ qui longe chaque ‘Cuota’, donc à vous de choisir ce que vous préférez : Les cuotas peuvent être assez chères (par exemple 55 $ pour 350 kilomètres), mais sont à peu près vides de policiers municipaux (ceux qui vont vous arrêter pour obtenir un pot de vin). Les autoroutes ‘Libre’ sont bien évidemment plus encombrées et réputées moins sures.

Quatrièmement, quel que soit la route sur laquelle vous vous trouvez (de la municipale à la grande autoroute cuota à 6 voies) attendez-vous à tout : chiens errants, chèvres, chevaux, vaches, serpents, charrettes à bœufs, charrettes à bras, vendeurs ambulants, bicyclettes, tracteurs, enfants, moutons, ponts effondrés, barrages policiers… : il faut savoir écraser les freins à tout moment.

Mais le pire de tous est le fameux ‘topès’, à savoir le ralentisseur. N’importe qui peux décider d’en construire un devant chez lui s’il pense que les voitures vont un peu trop vite, donc la signalisation est quasi inexistante : parfois vous aurez un panneau prévenant le topès, parfois vous aurez le topès sans panneau, et parfois le panneau sans topès ! Et vu que le topès en question peut être de toute forme et de toute taille (rond, rectangulaire, haut de 3cm ou 40cm, peint en jaune vif ou invisible… ) vos amortisseurs n’ont aucune chance de s’en sortir si vous ne roulez pas à une vitesse modérée et les yeux grands ouverts. En plus, les nids de poule sont partout. Amis québécois, si vous vous pensez champions du trou dans la route, venez au Mexique ! Ici les trous ressemblent plutôt à des baignoires, et il peut y en avoir partout, même sur les grandes autoroutes cuota toutes neuves. Ou alors c’est carrément une route faite uniquement de nids de poules, où vous devez slalomer au ralenti sur la voie en sens inverse pour essayer de garder vos roues sur un bout de bitume intact.

Cinquièmement, les camions : gros et lourds, leur seule limitation se résume à ce que leur moteur peut fournir, soit autrement dit : ça roule vite, n’importe comment, et ça double partout. D’ailleurs, une route normale à 2 voies est vue par les locaux comme ayant 3 voies, donc à vous de vous pousser sur l’accotement quand un camion venant en face a décidé d’en doubler un autre, bref on se croise à trois. De plus les camions sont en très mauvais état, les pneus lisses et usés jusqu’à la corde. Ce n’est pas pour rien que vous trouverez souvent plein de débris pneus éclatés au milieu de la route, et que les petits vendeurs de pneus se trouvent tous les quelques kilomètres.
Et en dernier, la règle d’or : ne roulez jamais après le coucher du soleil, et non, je vous arrête tout de suite, cela n’a aucun rapport avec les vampires. Si vous avez bien suivi les points précédents, vous aurez compris qu’il est déjà difficile d’éviter les pièges de la route de jour, alors de nuit, n’y pensez pas, sous peine de finir planté dans un topès, une vache ou un policier arrondissant ses fins de mois. C’est aussi de nuit que les routes sont les moins sécuritaires, ainsi mêmes les Mexicains pure souche ne se déplacent plus à la nuit tombée, sauf peut-être les camionneurs qui profitent de l’absence de circulation pour rouler encore plus vite que d’habitude et ne stoppent pour personne.

Fin du cours d’initiation à la conduite mexicaine, retour au récit.
Nous arrivons donc à Saltillo, ou notre guide nous indique un hôtel ayant une section de son stationnement réservé pour les camping-cars. Ah oui, j’avais oublié de le mentionner : contrairement aux USA ou Canada ou vous pouvez dormir n’importe où,  au Mexique pour des raisons de sécurité il vous faudra dormir dans les campings, ou au minimum sur le stationnement d’une station-service, d’un hôtel ou d’un restaurant. Il est donc important quand vous partez le matin de savoir où est-ce que vous dormirez le soir, et si possible d’avoir une ou 2 solutions de rechange si le camping choisit est plein ou fermé. Nous qui n’avions jamais utilisé un guide des campings auparavant, nous nous réjouissons d’en avoir acheté deux à Houston avant de passer la frontière.
À Saltillo disais-je donc, nous arrivons face au stationnement de l’hôtel, lourdement gardé. On ne nous laisse passer qu’une fois expliquée notre situation, et nous nous rendons compte que l’hôtel et ses dépendances fourmillent de policiers fédéraux et de voitures blindées. Apparemment, un régiment est en déplacement sur la ville, et l’hôtel leur sert de base pour ces quelques jours : autant dire que nous dormirons tranquilles vu le nombre de mitraillettes au mètre carré.
Hormis les policiers, l’hôtel et la section camping sont déserts, nous sommes les seuls clients. La piscine et le parc pour enfants sont fermés, les touristes se font rares, chassés par la crise certes, mais surtout effrayés par l’insécurité. Là où les Américains débarquaient avec leurs caravanes composées d’une trentaine de véhicules il y a encore quelques années, il n’y a plus qu’un camping vide et plus ou moins bien entretenu. Nous sachant en sécurité dans l’hôtel, et un peu fatigués par les émotions, le trajet et les peurs de la veille, nous restons une journée de plus sur place sans sortir de l’hôtel.
Le lendemain, nous mettons le cap sur Zacatecas, notre première ville touristique. Nous prenons l’autoroute ‘cuota’, ne nous arrêtant que pour faire le plein. Question station-service, le choix est simple, il n’y a qu’une marque, la chaîne Pemex. C’est un monopole d’État, et le prix de l’essence est le même partout dans toutes les stations dans tout le pays, à savoir à peine 0,65 € le litre, ou 0.85 $ CAD, eh oui !
Note : Maintenant que je vous ai dit ça, vous ne pourrez pas vous empêcher de penser à nous la prochaine fois que vous passerez à la pompe – si si, vous allez voir !
Par contre, comme les stations peuvent être assez espacées, et ne sont pas toujours fournies en diesel, il nous faut donc adopter la règle de tous les voyageurs : si vous passez devant une station et qu’il vous reste moins de la moitié du réservoir, arrêtez-vous faire le plein ! Sauf si bien sur vous aimez marcher des kilomètres avec 2 jerrycans dans les mains… Détail amusant, comme les prix sont les mêmes partout, cela explique que les prix ne soient pas affichés sur de grands panneaux à l’entrée des stations comme nous y sommes généralement habitués. Vous payez ce qu’on vous dit, point.

La ville de Zacatecas n’a pas de terrain de camping à proprement parler, mais 2 hôtels avec aménagements pour camping-car, plus une station-service Pemex qui a un petit terrain de camping attenant : curieux de tout, nous décidons de passer 3 nuits en ville et d’essayer les 3 terrains. Nous profitons de nos journées pour visiter la ville coloniale, qui ne manque pas de charme, car c’est une très ancienne ville minière construite à flanc de montagne.

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Après nous être baladé toute la matinée dans le charmant centre-ville (qui est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO) nous voici confrontés à une terrible épreuve, j’ai nommé : commander à manger au restaurant.
Bon, alors bien sûr, vous avez sûrement déjà mangé mexicain : tacos, burritos, fajitas, chili con carne, tous sont des plats mexicains populaires n’importe ou dans le monde… sauf au Mexique ! Impossible de trouver un plat qui nous semble à peu près familier, il y a de tout, sauf ce que l’on connaît. C’est donc un peu de manière suicidaire que nous nous asseyons dans un petit resto qui sert des trucs inconnus servis dans des galettes de maïs. Bien sûr, quand on nous donne la carte, on n’y comprend rien, mais au moins nous arrivons à nous faire comprendre par signe en pointant les galettes puis la viande, et nous pouvons au moins dire notre phrase magique : `no picante’ ( ‘non piquant’), sous peine de se faire arracher la bouche, la langue, les intestins et le pot d’échappement par un piment rouge.
Bon à savoir : quand un mexicain vous dit qu’un plat est ‘no picante’, cela signifie que le plat qu’il vous sert peut varier de non-piquant à pas-mal-épicé-quand-même-ouach-passe-moi-l’eau . Aucune malice là-dedans, mais je pense que le cuistot a les papilles tellement habituées (voir brûlées) que pour lui le plat n’est pas épicé, alors que vous, eh bien regardez-vous dans le miroir, vous avez le visage tout rouge.
Bref, nous faisons finalement un très bon repas. C’est amusant pour tous de commander au hasard et de découvrir les plats qui arrivent, certains bons (hop, aux enfants), d’autres moins (hop, à la maman), et certains biens épicés (hop, au papa !). Apparemment même le serveur y prend du plaisir. Total de la facture pour nous 5 : 170 pesos taxes et pourboire compris (10 €, $13) ! Mmm, entre çà et le prix de l’essence, le Mexique commence à nous plaire de plus en  plus ! Le lendemain, nous quittons le stationnement du  premier hôtel (et sa piscine, snif) pour celui du deuxième hôtel, qui surplombe la ville. Nous en profiterons pour faire un joli tour de téléphérique au-dessus de la ville (fabrication suisse s’il vous plaît) et visitons la fabuleuse mine El Éden, qui a commencé ses opérations il y a plusieurs siècles.

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La visite commence par une descente 350 mètres sous terre pour visiter le quatrième niveau de forage – la mine en compte 7, mais ceux qui sont plus bas sont inondés. Les reconstitutions montrent bien les difficiles conditions de travail dans la mine à l’époque où les conquistadores faisaient travailler les indigènes jusqu’à la mort, hommes, femmes et enfants. Il y avait cinq morts par jour, ce qui n’est pas difficile à croire en voyant les échelles de bois branlantes et les cordages en liane. Enfin, la mine a fini par être fermée en 1960, et une de ses sections a été reconvertie en boîte de nuit, accessible uniquement par des wagonnets qui vous amènent à 600 mètres à l’intérieur de la montagne : questions nuisances sonores, les voisins ne risquent rien.

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Voilà pour notre visite à Zacatecas. Oh, le camping sur le terrain attenant à la station Pemex ? Effectivement, il était bien là, comme indiqué dans le guide. Le prix de la nuit ? 50 pesos (2.9 € / $3.8), vive le Mexique. Bon d’accord, pour le prix, il nous a fallu partager le terrain de camping, non pas avec d'autres campeurs (nous étions seuls), mais avec les moutons du voisin, mais ce fut une nuit tranquille en bonne compagnie…

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Prochaine destination : Guanajuato, autre ville coloniale, autre ville minière, elle aussi au patrimoine de l’UNESCO. Point particulier : dans cette ville-là, vous roulez avec votre véhicule dans les anciennes galeries minières ! En effet certaines de ces galeries ont été reconverties en tunnels routiers, dont certains faisant plus de 3 kilomètres de long. Mais attention, les plafonds sont bas, et grâce à Orlane à la place du copilote nous avons évité de raboter le toit de Macc sur quelques roches un peu basses. Nous arrivons à trouver le petit camping situé à flanc de montagne (via une petite rue à sens unique prise à contresens, mais chuuut). Bon d’accord, le nom de camping est un peu exagéré, il s’agit plus de la petite cour intérieure appartenant à une madame mexicaine, et l’endroit ressemble plutôt à une casse automobile. Mais il y a bien quelques places de libres au milieu des carcasses de coccinelles, donc nous nous installons, et sortons table et chaises au soleil.

Orlane, un peu nostalgique, me dit le voyage lui pèse un peu, en partie à cause de l’inquiétude due à l’insécurité, mais aussi en particulier du au fait que depuis 4 mois nous n’avons pas eu beaucoup l’occasion de discuter avec d’autres personnes que nous cinq. Il y a bien eu quelques rencontres bien sûr, mais souvent courtes et en anglais ou plus récemment en espagnol. Bref, elle aimerait bien une copine pour bavarder. Et je dois dire que de mon côté, je regarde avec nostalgie notre bouteille de pastis, qui a pris la poussière : Orlane ne boit pas d’alcool, et je me refuse à prendre l’apéro seul… Soudain, grondement de moteur, un vieux fourgon Volkswagen marron aménagé (un « Westfalia ») déboule en rugissant dans le stationnement et se gare à côté de nous. Un œil sur la plaque, il est immatriculé au Québec, youhou ! On a de nouveaux voisins !

 

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Nous avons vite fait de faire connaissance avec les propriétaires, Marco et Sabrina, deux sympathiques jeunes Québécois qui ont mis en pause leurs hautes études pour aller visiter l’Amérique centrale jusqu’au Panama. Ils sont sur le voyage du retour vers le nord, et on prévus comme nous de visiter la ville. Nous ne le savions pas encore, mais c’est là le début d’une belle amitié, une de celles qui se font en voyage, donc courte et rapide, mais profonde et qui laisse des souvenirs ineffaçables.
Bref, je vous le dis, les bières n’ont pas mis longtemps pour sortir des frigos, le temps de faire un peu de causette, puis le soir venu nous descendons ensemble à travers les ruelles tortueuses pour visiter le centre-ville.

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Guanajuato est construite toute en colimaçon, nous sommes plus proches ici des villes européennes séculaires que des jeunes villes américaines aux rues à angles droits. Sans le savoir, nous sommes tombés sur le festival de la ville, qui accueille un spectacle de… danse asiatique ! Nous ne nous y intéressons que d’un œil distrait, car nous savons que nous serons en Asie dans un an environ, même si cette pensée un peu bizarre est légèrement perturbante…

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Mais quel dépaysement ! Les enfants accaparent rapidement l’attention de nos nouveaux amis, il n’y a qu’à voir Clément se faire porter sur le dos de Sabrina pour se rendre compte qu’il a tout compris ce petit…

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Le lendemain est consacré à une nouvelle exploration de la ville, de jour cette fois, et nous en profitons pour visiter le marché couvert.

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Des couleurs, des odeurs, des cris, tout un méli-mélo de bric-à-brac, bref, c’est un marché tel que vous le connaissez. Une exception peut-être du côté de la viande, car les boucheries n’ont aucune réfrigération, et les animaux écorchés qui sont suspendus par une patte depuis un jour ou deux (ou plus ?) ne paraissent pas très alléchants… Mmm, je pense que nous allons faire des courses de végétariens pour cette fois-ci ! Marco et Sabrina ayant déjà passés plusieurs mois en Amérique Centrale, ils nous servent de guides dans la ville, nous expliquant les choses que nous voyons et qui nous sont totalement inconnues, ou encore nous donnant des traductions espagnoles de base dont nous avons fort besoin : `combien ça coûte’, ‘Je n’en veux pas’, et toutes ces petites phrases que vous apprenez bien plus facilement si on vous les dit que si vous les lisez dans votre dictionnaire… Mais nos 2 aventuriers ont l’intention de quitter Guanajuato pour remonter vers le nord en direction de leur Québec natal, et nous proposent de les accompagner dans la région de la Huesteca, ou il y a de très beaux sites à visiter. Bon, ce n’est absolument pas dans notre direction, en fait cela nous fait même un peu rebrousser chemin, mais nous nous sentons bien avec eux, donc : demi-tour, cap au nord !
Le premier objectif est de trouver un ‘cenote’, c’est-à-dire une piscine naturelle creusée dans la roche, ou l’on peut se baigner. C’est une formation rocheuse typique de l’Est du Mexique. Marco a une adresse en tête, nous suivons donc leur ‘chien’ (c’est le nom de leur Westfalia  Winking smile ) sur les petites routes mexicaines… Routes de plus en plus petites d’ailleurs, jusqu’à finir par un chemin en terre, mais nous avons confiance en notre Macc, qui nous amène à bon port dans un petit camping perdu au milieu de nulle part. Vous y trouvez des paons en liberté, ainsi qu’une jolie petite rivière qui coule au milieu, et le propriétaire a eu la bonne idée d’y mettre un pont de corde au-dessus de l’eau qui fait le bonheur des enfants pour la soirée. Nous nous installons tranquillement pour l’apéro, mais excités à l’idée d’aller visiter le cenote le lendemain matin.

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Le cenote lui-même se trouve au bout d’un sentier parcouru en une vingtaine de minutes, mais l’effort (ok, très petit effort) en vaut la peine : c’est magnifique ! Un cirque de pierre circulaire d’une trentaine de mètres de diamètre sur une dizaine de hauteur, les arbres de la jungle tout autour, et une cascade d’eau pure qui se jette sur le côté, tout cela donne une touche exotique qui nous avait manqué jusque-là au Mexique.

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Curieusement, cela ressemble un peu aux anciennes publicités pour Tahiti-douche.

Et quand nous découvrons que nous pouvons suivre le torrent qui passe sous la montagne, c’est le bonheur…

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Nous passerons finalement 3 jours au camping, à nous prélasser et regarder les enfants jouer dans l’eau, mais la bougeotte nous reprend et nous décidons de repartir tous ensemble à une autre rivière, même si Marco et Sabrina n’ont pas eu d’explications précises pour s’y rendre.

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Notre bon vieux Macc remonte la route de terre cahin-caha, et comme il fait chaaaauuud sitôt regagné le bitume nous décidons de faire un petit arrêt en chemin pour se baigner à une cascade -décidément la région, bien que très pauvre et en dehors des zones touristiques, ne manque pas d’attraits.

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Le coin est pittoresque et bien aménagé pour les visiteurs, malheureusement pour les locaux il n’y a quasi-personne à part nous. 102-20121022-IMG_3409

Une bonne baignade et quelques dizaines de photos plus tard, nous repartons à la  recherche de cette fameuse rivière.

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Après quelques heures de route, nous finissons par trouver un beau panneau explicatif géant en bord de route, tout neuf et tout brillant, signé par l’office de tourisme du Mexique : il nous indique le chemin à prendre, qui se résume à… un sentier à vache !

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Le petit Westfalia de Marco et Sabrina part en éclaireur sur le chemin, alors que notre Macc, beaucoup plus lourd, avance à son rythme. Et franchement, je n’aurai jamais cru que nous serions passés sur une telle piste, vous me l’auriez dit 3 jours plus tôt je vous aurais traité de fou.

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Mais lentement, nous passons les obstacles en zigzaguant, les pierres, les trous, les ornières. Orlane descend pour ouvrir les clôtures à vaches et surveiller les branches qui griffent les côtés et le dessus de Macc en grinçant : nous sommes contents de ne pas l’avoir acheté neuf !

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Le seul problème : la météo, car s’il se met à pleuvoir, nous savons que nous aurons toutes les peines du monde à remonter le chemin fait de terre et de pierres lisses. Nous nous arrêtons pour la nuit à une centaine de mètres de la fin du chemin, n’osant nous engager avec nos 4 tonnes sur le dernier petit pont à vache fait de bois et de terre.
Cela fait longtemps que nous n’avons pas fait un bivouac aussi perdu. Le village en haut du chemin est à plusieurs kilomètres de distance, nous dormons bordés par la rivière d’un côté et les champs de canne à sucre de l’autre, bref, un plaisir.

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Nous gardons tout de même en tête les histoires d’insécurité au Mexique, d’autant plus que nous sommes dans une des régions les plus pauvres du pays, mais nous arrivons à dormir sur nos 2 oreilles, réconfortés par la présence de Marco et Sabrina : voyager avec 2 véhicules est toujours plus facile (en cas de panne, plantage…) et ils possèdent la langue et l’expérience que nous n’avons pas – mais que nous acquérons grâce à eux.
La journée suivante sera consacrée à la randonnée, nous allons nous baigner dans la rivière puis la suivons jusqu’au point où elle forme une chute de plusieurs dizaines de mètres.

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Impossible d’aller plus loin pour aujourd’hui, mais un pêcheur mexicain nous indique qu’il peut nous emmener en canot en  contrebas de la chute pour une somme modique, ce que nous ferons le lendemain, au grand dam de nos biceps qui ne sont plus habitués à l’effort: la rame à contre-courant n’est pas facile.

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Au moins ferons-nous le sens de la descente en nageant, ou plus exactement en nous laissant flotter dans le courant.

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Nous faisons la descente tranquillement, ne nous interrompant que pour passer voir un autre cenote le long de la rivière (très accueillant au demeurant, jusqu’à que les enfants tombent face à face avec un charmant serpent).

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Nous remontons tout trempés dans nos véhicules et repartons rapidement, car nous voulons visiter l’ex-demeure d’Edward James , surnommé l’américain fou. Surréaliste avant l’heure, il finança Dali, puis décida d’investir toute sa fortune dans la construction de son paradis, un château loufoque, qui ne fut jamais terminé, mais a depuis été transformé en musée. ‘Château’  est le mot qui vient à l’esprit le plus naturellement, mais on est loin du terme original tellement tout est biscornu : Escaliers qui tournoient impossiblement vers le ciel, couloirs aux murs inclinés, plateformes de béton tenant dans les airs par quelques fins supports pas encore tout à fait rouillés.

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On se croirait dans le monde bizarroïde d’Alice au pays des merveilles, mais transplanté au milieu d’une jungle verdoyante. Les différentes dépendances du domaine se transforment en labyrinthes qui semblent idéaux pour une partie de cache-cache avec les enfants, mais les structures à demi-construites / à demi détruites sont un peu trop dangereuses à notre goût pour que les gamins y courent partout. Il ne manquerait plus qu’un de nos 3 loustics se casse une jambe au fin fond de la campagne Mexicaine…

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Dernière visite que nous faisons en compagnie de Marco et Sabrina, une caverne habitée par des milliers d’oiseaux. Cette fois ci nous empruntons une route typiquement mexicaine, c’est-à-dire un kilomètre de bonne route en alternance avec un kilomètre de route pourrie, des panneaux indicateurs qui n’indiquent la direction qu’à une bifurcation sur 3, et des distances indiquées en kilomètre mexicain, à savoir d’une longueur variant du simple au triple suivant le bon vouloir de la personne qui a rédigée le panneau. Je pense qu’ils mesurent en comptant les pas.

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Mais sans trop nous perdre, nous trouvons finalement notre destination à la fin de la journée, nichée dans un petit village en haut d’une montagne, et nous nous acquittons du stationnement pour la nuit : 20 pesos, soit 2 dollars (1.5 €). Ici, nous sentons vraiment la pauvreté des gens, qui ne doivent avoir aucune autre ressource que le site touristique, leur jardin potager, et le petit restaurant à 2 tables qui sert des tacos. Nous apprendrons plusieurs semaines plus tard que le village n’a pas l’électricité, et qu’un cadeau que les habitants apprécient beaucoup est… une lampe de poche.

Nous allons voir la caverne le soir même à la nuit tombante, et nous ne sommes pas déçus : la caverne est verticale, un cylindre de noirceur qui s’enfonce dans la roche, et au-dessus de nos têtes tournoient des milliers d’oiseaux qui volent tous en un même mouvement circulaire. Et toutes les quelques dizaines de secondes, un groupe d’oiseaux se détache du cercle tourbillonnant et plonge rapidement à la verticale dans la caverne, rasant nos têtes, leurs plumes faisant un bruit de projectile sous l’effet de la grande vitesse. Ils passent tellement vite qu’ils en sont flous.

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Nous restons là une bonne heure à contempler le spectacle surréel, ne partant que lorsque les derniers oiseaux retardataires plongent à leur tour pour aller rejoindre leur niche de nuit dans le fond de la caverne. 191-20121026-IMG_7489
Le lendemain, le spectacle à la levée du jour est aussi joli, les oiseaux se mettent à voler en rond d’un même mouvement dans le fond de la caverne, pour s’élever graduellement dans une spirale tourbillonnante. Comme leur montée est plus lente que leur descente de la veille, nous en profitons pour distinguer les différentes espèces, perruches et autres.

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En remontant au village, nous avons un peu pitié pour la grand-mère qui cuisine au mini restaurant, et allons y prendre notre petit-déjeuner. À nous 7, elle a probablement fait l’équivalent de son chiffre d’affaires de la semaine en un seul service, et elle nous sert avec tout un sourire. Elle aura cependant besoin d’aide pour vérifier l’argent de la note et le pourboire, car elle ne sait pas compter, ou en tout cas pas une telle somme.
Nous étant levés avant le soleil, nous avons toute la journée devant nous pour aller rejoindre le dernier camping que nous ferons avec Marco et Sabrina. Nous tournons et retournons un peu, mais oui, c’est bien là, un petit terrain gazonné qui donne sur la rivière, où nous pouvons passer la nuit pour quelques pesos. Le propriétaire paraît un peu surpris d’avoir des clients, mais nous nous stationnons rapidement avant d’aller faire trempette dans la rivière.

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Un peu en aval, un gros camion-citerne marqué ‘agua potable’ (eau potable) remplit sa cuve avec une pompe à moteur directement depuis la rivière: comme quoi vous pourriez être surpris de la qualité de l’eau ‘potable’ distribuée au Mexique, même si les habitants du patelin nous assurent que oui, l’eau de la rivière est d’excellente qualité. Nous profitons de notre dernière soirée ensemble pour fêter les 28 ans de Marco, alors qu’Orlane et Sabrina combinent leurs talents de cuisinières pour concocter en cachette un gâteau d’anniversaire au chocolat (son préféré). 207-20121026-IMG_3800

Pour une fois que notre four au propane sert à quelque chose, la surprise fut bonne ! Le repas en commun fut copieux, et il en restera même pour notre invitée de dernière minute, une chienne errante maigre comme pas possible, à peine la peau sur les os, mais si douce qu’il vous est impossible de ne pas immédiatement la prendre en pitié. En retour, elle gardera fidèlement notre campement jusqu’au lendemain, au moment de dire au revoir à nos 2 compagnons de route. Nous n’avons passé qu’une dizaine de jours ensemble sur les routes mexicaines, mais nous avons beaucoup appris de ces 2 jeunes étudiants prometteurs : en plus de leurs valeurs, dynamisme et courage, ils nous aussi ‘initiés’ au Mexique et à l’Amérique Centrale, à ses routes, sa pauvreté, ses dangers et ses beautés. En arrivant au Mexique nous étions peureux de tout, alors que nous sommes maintenant plus confiants, surtout en nous-mêmes, et bien que nous ne soyons pas rassurés tous les jours nous savons grâce à eux que c’est un processus normal, une adaptation qui dure 3-4 semaines, le temps de prendre le rythme du pays et les bons réflexes. Bref, ils nous ont rassurés au moment exact où notre moral avait besoin de l’être.
De plus, Marco nous a écrit toutes les petites phrases de base en espagnol pour se dépanner (Puis-je dormir ici, combien ça coûte, etc…) et Sabrina nous donne les bonnes adresses qu’ils connaissent jusqu’au Panama. Cela a l’air de rien vu comme ça, mais c’est d’une utilité toute pratique quand vous vous trouvez dans un pays dont  vous ne parlez pas la langue – même si nous essayons d’apprendre l’espagnol par tous les moyens possibles.
Enfin, c’est le départ, une embrassade et nous regardons leur fourgon Westfalia s’éloigner avec un petit pincement au cœur, avant que nous mettions le cap vers les ruines de Teotihuacan, à proximité de la ville de Mexico.

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Avec la pluie de la nuit (la première depuis longtemps) notre Macc a un peu patiné dans l’herbe humide et la sortie du camping a été laborieuse, nous laisserons de belles petites ornières derrière nous : c’est amusant de voir comment un peu de gazon peut nous bloquer maintenant alors que nous venons de faire des routes et des pistes pas possibles, c’est peut être un moyen pour notre fidèle véhicule de nous rappeler qu’il n’est pas tout terrain. Et qu’il nous faudra peut-être bientôt de nouveaux pneus.

Fin de la première partie.

Ouf j’ai bien travaillé moi. Me prendrais bien une p’tite bière !

11 réflexions sur « Les coccinelles à Mexico »

  1. Wow que c'est agréable de vous lire et de vous suivre…

    Cet hiver que nous avons passé au Texas,nous a permis d,aller au Mexique une dizaine de fois,dans des villes frontières;nous y allions en vélo avec un guide québécois qui a été guide touristique durant 20 ans au Mexique et qui ne jure que par lui;moi j'y ai trouvé que pauvreté,laideur et nids de poule!!! mais a découvert un arrière pays non touristique,quand même c'est une expérience;ç a ne doit pas être rassurant d'y aller seul;il y a eu disparition d'un québécois,au mois de mars,justement dans une de ces villes frontières…

    Alors,on a toujours le projet de camping-car en France,mais il nous faudra attendre, encore un peu,il nous faut vendre notre gros camion et fifth-wheels,mais après…

    Bisous à toute la famille,Nicole et Marcel

  2. Salut les aventuriers,

    Toujours autant de plaisir à lire vos aventures. Quel dépaysement ! La lecture de votre récit nous permet, le temps d'un instant, de nous évader et de partager avec vous vos exploits.

    Soyez prudents et surtout notez précieusement chacune de vos haltes afin que nous puissions en profiter … un jour …

    Bisous à toute la famille. Florent, Christel, Emile, Juliette et Amandine

  3. Splendide !!!! Toujours autant de plaisir à vous lire et découvrir vos aventures merci et vivement la suite biz a vous 5

  4. Merci encore pour ce récit, toujours aussi interessant: vous vivez une superbe aventure qui nous laisse admiratif

  5. Nous aussi on vit notre petite aventure en Espagne;Ben quoi!!!!!

    Bisous à tous

  6. Depuis le début je suis votre aventure et il me tarde à chaque fois de lire de vos nouvelles. Merci de nous le faire partager, vous nous faites rêver. Et que dire de ces sublimes photos. 🙂

    A très bientôt…

  7. Hey, wish the translate button on front page worked when you click through to this page…great pictures, what a fantastic adventure…

      1. Je commence à m'apprendre sur internet. Nous voyons des belles photos.

        Nous pensons que vous profitez bien.

        Nous vous embrassons tous les 4..

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